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samedi 12 septembre 2015

Le Tout Nouveau Testament (2015)

  Infos

 De: Jaco Van Dormael - Durée: 1h54 - Genre: Comédie dramatique

 Avec: Benoit Poolevorde, Catherine Deneuve, Yolande Moreau, François Damiens...                                        

 Synopsis: Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille. Sa fille c’est moi. Je m’appelle Ea et j’ai dix ans. Pour me venger j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde…

Benoît "Whirl" Poelevoorde 
Moi qui voulais commencer ce blog par un avis positif et bien c'est raté. Pourtant, je voulais vraiment - mais vraiment - apprécier ce film. Pourquoi ? Car je suis assez déçue de ce que j'ai pu voir dernièrement et que ce long-métrage semblait vouloir apporter un vent nouveau dans cette période cinématographiquement pauvre. Et aussi, surtout même, que ce Tout nouveau testament était écrit et réalisé par nul autre que Jaco Van Dormael. J'ai aimé Toto le héros, j’idolâtre la perfection de Mr Nobody, son film précédent, mais je ne suis pas rentrée dans celui-ci. 

Première raison qui, je pense, a beaucoup joué sur ma perception du film, c'est tout simplement sa campagne de communication. J'ai pu moi même m'en rendre compte car le public présent dans la salle de cinéma semblait avoir été attiré par la promesse de regarder une comédie belge bien barrée comme Dikkenek par exemple. Or c'est là que réside le problème: ce n'est pas une simple comédie. Personnellement, je m'en suis vite rendu compte, connaissant la patte du réalisateur. Alors je me suis dit "ok, tu vas dans cette voie-là, je te suis, mais va falloir que ça tienne la route.".

C'est à partir de ce moment-là que l'on assiste au déroulement d'un scénario plan plan, se structurant tel un texte biblique complètement loufoque, mis en scène avec des images allégoriques parfois grossières, des effets visuels ratés (les oiseaux...) et des gimmicks trop présents (le cadrage des yeux des acteurs, la musique...). Même si certaines scènes restent poétiques et percutantes par leur simplicité, comme la danse de la main sur la table, l'attrait surréaliste que Van Dormael a souhaité insuffler dans son film devient soit lourd, soit insignifiant. Et ce problème est pour moi lié aux personnages eux-mêmes. 

En effet, on peut s'attacher à quelques personnages qui, pour une raison ou une autre, s'interdisent tous de vivre leur vie, le regard rivé sur leur compte à rebours respectif. Or, globalement, leur histoire m'a fait ni chaud ni froid tout simplement car je ne me suis pas attachée à eux. Mais là où réside ma plus grosse déception, c'est au niveau du personnage de Benoît Poelevoorde, égal à lui-même dans ce rôle de Dieu hystérique. Après avoir servi d'élément déclencheur du film, il est relégué au second plan, servant uniquement de running gag. Alors certes, c'est marrant de voir, dans un rapide montage, qu'il est enfin confronté aux règles mesquines qu'il a lui même édifiées, mais cela ne va pas plus loin que ça. 


Jessica Lange Catherine Deneuve et King Kong
Cependant, tout n'est pas a jeter dans ce film, loin de là. Car après que le goût de la déception me soit passé, j'ai quand même trouvé que l'optimisme dont a fait preuve le cinéaste est salutaire. Dans un contexte où les gens deviennent de plus en plus anxieux et paranoïaques face au pouvoir de la religion, cela fait du bien de voir qu'il a eu le cran de remettre les pendules à l'heure à travers le personnage d'Ea et sa volonté d'écrire un nouveau testament. Paradoxalement, Dieu représenterait ce qu'est devenu l'Homme: égoïste, cruel, machiste... Quant aux différents personnages, devenant malgré eux des apôtres, ils seraient les victimes de ce type de comportement, telle une nouvelle génération condamnée à ne pas avoir leur mot à dire. La fille de Dieu, Ea, représenterait donc une alternative à cet état d'esprit morose, tout simplement en rappelant aux personnages leur condition mortelle, en leur redonnant la parole et en les poussant à agir. Et évidemment, la solution pour lutter contre leur sentiment de solitude, c'est de trouver l'amour (même si c'est auprès d'un gorille...) Après, on retombe dans les sujets philosophiques basiques: faut-il toujours souhaiter l'immortalité ? Peut-on penser une société sans religion ? Peut-on vivre sans autrui ?  Toujours pas apparemment... Du moins, ce n'est pas synonyme de bonheur.
"- Dieu nous dit: aime ton prochain comme toi même. 
- J'ai jamais dit ça. 
- Pardon ? 
- J'ai jamais dit ça ! Mais l'autre là, il est parti en sucette. Tout ce qu'il a réussit à faire c'est se faire clouer sur un cintre... comme une chouette."
Le tout nouveau testament nous montrerait-il donc les limites des religions actuelles ? Sans pour autant aller jusque-là, on sent tout de même que Jaco Van Dormael a voulu faire un état des lieux désastreux d'une société qui se méfie ou qui se désintéresse tout simplement de la religion. Il tente alors d'apporter, grâce à ce film, un message optimiste, tel un prophète venu apporter espoir à l'Homme contemporain (qui trouve normal de recevoir sa date de décès sur son smartphone). Mais le cinéaste reste toutefois modeste dans sa démarche, puisque, au final il délègue ce pouvoir divin aux figures féminines de son long-métrage: Ea et le personnage mutique de Yolande Moreau, la Vierge Marie. Car s'il y a un réalisateur qui a bien compris l'impact que la femme pourrait avoir sur notre monde si celle-ci était aux commandes, c'est bien lui. Comme l'image de fin est là pour en témoigner, cette perspective apporterait de nouveaux horizons très... colorés.

En résumé, ce film avait du potentiel et un fond intéressant mais le visionnage m'a laissé de marbre à cause d'un scénario qui se veut original mais qui au fond ne l'est pas par sa structure, et sa mise en scène trop voyante, créant ainsi un univers bancal. 

Mais bon, même si je ne me suis pas totalement convertie à son dernier film, je pense tout de même rester fidèle à Jaco Van Dormael.


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